De Berclanos del Real Camino à Oncina de la Valdoncina
du 11/06/01 au 12/06/01

10

<--- L'étape précédente

Berclanos del Real Camino, lundi 11 06 2001     

Je prends mon petit déjeuner au refuge en compagnie des pèlerins les plus matinaux. Je laisse une obole dans la tirelire ainsi qu’une photo souvenir en remerciement du bon accueil et des bons soins de ce dévoué hospitalier.

A la sortie du village je vois une charrette, rien de surprenant, si ce n´est qu´ici, on attelle deux vaches pour aller au pré, chercher l’herbe fraîchement coupée. 12_34a_charette.jpeg (56264 octets)
 
12_35a_ombre.jpeg (44084 octets) Le soleil, à peine levé, dessine des ombres étranges. Nanette ressemble à un éléphant à grandes pattes et moi à un Landais sur ses échasses.
 
Voilà à quoi ressemble la piste que nous empruntons sur 32 km. Ce sentier gravillonné, bordé de platanes est réservé uniquement aux pèlerins. Le chemin est fermé à la circulation des véhicules à moteur. On y a installé des bancs et des aires de repos à intervalles réguliers. 12_36a_nanette.jpeg (38416 octets)
Nombreux sont ceux qui ont trouvé cette région pénible et difficile à traverser. Moi, j’ai eu la chance de marcher dans d’excellentes conditions climatique et physique. Pour ma part,  je l'ai trouvé fort agréable, ce plat pays, l´horizon lointain et la marche régulière sont hypnotiques, l´esprit et les pensées sont libres. J’ai aussi eu la chance de rencontrer des gens formidables et nous avons partagé des moments inoubliables. Contrairement à beaucoup de pèlerins, j’en garde un bon souvenir.
 
13_01a_nanette.jpeg (28434 octets) Plus loin pour éviter la monotonie de la piste nous empruntons le chemin parallèle.

 

Au village de Burgo Raneros je m’arrête dans une toute petite épicerie. On y trouve de tout. J’achète un gros savon qui me sert pour la lessive, la toilette, la vaisselle. Une éponge avec un coté qui gratte, trois pêches, deux tranches de jambon de campagne, trois gâteaux et un demi-pain, le tout pour seulement 580 pesetas soit 24 francs ou 3,66 euros.

Je traverse le village de Reliegos. Un jeune garçon m’accoste et me signale que le refuge de Mansilla de Las Mulas est complet. Il me propose une auberge dans son village où il y a de la place. Ca sens le plume pèlerin à plein nez tout ça ! Gentiment je lui explique que je recherche un camping alors il n’insiste pas. Je fais quand même travailler le seul commerce du village en achetant une glace au bar en guise de dessert.

Devant moi je ne vois que des montagnes, il nous reste quelques jours de plaine et ensuite il faudra bien grimper. Les plus hauts sommets sont encore enneigés.

 
Je quitte ce plateau pour descendre dans la vallée du Rio Esla où se trouve la ville de Mansilla de Las Mulas qui doit son nom au fait qu´il y avait ici une foire aux mules très renommée. A l’entrée de l'agglomération, se dresse un magnifique calvaire dédié aux pèlerins. Je suis le fléchage qui me mène par de petites ruelles jusqu’au refuge. Il reste de la place, et il est loin d’être complet ! Situé en plein centre ville il est impossible de loger Nanette à proximité. Je fais tamponner ma crédential et l’on m’indique la possibilité de camper à la sortie de la ville le long du Rio. 13_02a_croix.jpeg (28226 octets)
 
13_3_rampart.jpg (34920 octets) Je traverse le pont sur le Rio et j'installe mon campement sur la droite, au bord de l’eau. Je possède un espace plat suffisamment grand pour ma toile de tente. Nanette a de l’herbe en quantité, l’eau est proche, c’est l’endroit idéal pour bivouaquer. Un seul petit problème, la présence de moustiques qui me disputent la place. Avouons qu´ils en sortent vainqueurs, ce qui m’oblige à m’isoler sous la toile.
 

Mansilla de las Mulas, mardi 12 06 2001

Il est sept heures quand je quitte les bords du Rio Esla. Je longe par un petit chemin parallèle la N 601. De nombreux pèlerins sont déjà en marche. Au loin, devant moi, j’aperçois les monts de Leon. Le soleil brille sur les sommets enneigés. Vision magique, on dirai une carte postale. Ce matin le chemin n’est pas des plus agréable, nous longeons la grande route soit par la gauche soit par la droite.

13_04a_eglis.jpeg (45860 octets) Peu avant d’arriver à Leon, sur ma droite, en contre bas, je découvre une petite église de village. Je suis en admiration devant son clocher avec son traditionnel nid de cigogne, son lavoir avec une femme qui y lave son linge, sa brouette à ses cotés. Quel contraste, ce petit coin tranquille si proche de la N 601 et de l’importante ville de Leon.

Je rencontre un pèlerin qui retourne au pays. Il est chargé d’acheminer un parchemin jusqu’en Bretagne. Sa ville est jumelée avec une autre de Galice. Je le charge à mon tour de donner de mes nouvelles aux amis qui sont à quelques jours derrière moi.

 
Devant nous, nous apercevons l’imposante ville de Leon. Courage Nanette ! Ce ne sont pas ces quelques kilomètres de ville qui vont te faire peur.

Je traverse le Rio Bernesga et fais une dernière pose avant d’affronter la cité. Oui je suis bien décidé, je ne me sépare pas de mon ânesse et c’est tous les deux que nous allons visiter la cathédrale !

13_05a_route.jpeg (26402 octets)
 
13_07a_cathedr.jpeg (39339 octets) Après plusieurs tours, détours et contours, nous nous trouvons récompensés, devant la majestueuse cathédrale. J’attache Nanette aux grilles sur le coté de l’édifice et je visite les lieux. Je retrouve Charles sur le parvis, c’est étrange, nous ne nous sommes jamais donnés de rendez-vous et c’est souvent que nous nous retrouvons ainsi dans les endroits importants de ce pèlerinage.
 
Je fais tamponner ma crédential à l’office de tourisme et demande un plan de la ville. Il m’est plus facile de me diriger avec cette carte en mains par les ruelles piétonnes. Dommage qu’elles soient souvent dallées et si glissantes.
 
13_9a_San Isidoro.jpg (43242 octets) La real Basilica de San Isidoro est l’un des joyaux de l’art roman du chemin. Mon ânesse m’attend sagement le temps d’une visite en règle.
 
Nanette est bien fière en traversant la place devant le monastère, hôtel de luxe, San Marcos. Je ne crois pas que ce soit un endroit pour moi et en plus ils n’ont peut être rien de prévu pour recevoir les ânes pèlerins. 13_10a_facade.jpeg (41756 octets)
13_11a_San_Marco.jpg (47359 octets) San Marcos était l’hôpital pour pèlerins le plus fréquenté des dix sept que comptait à l’époque la ville de Leon.

Je franchis une seconde fois le Rio et de nouveau, je retrouve les flèches jaunes, qui doucement, me sortent de la ville.

 

Nanette est extraordinaire : j’ai traversé toute la ville sans problème, elle a toujours gardé son calme et c’est prudemment qu’elle a franchi les passages glissants. Elle attend la sortie de la ville et l’occasion d’une petite pose, sur un terrain vague, pour faire son pipi et son crottin. Je la félicite et la récompense d’une friandise. 13_13a_leon.jpg (27633 octets)
 
Je longe la N 120, traverse Trobajo del Camino. Je cherche en vain un lieu pour m’installer dans le village de La Vigen del Camino. Il y a bien une école tenue par des frères de Saint Antoine, sans doute la même confrérie que ceux où j’ai été si bien accueilli en Saintonge. Mes difficultés pour m’exprimer en Espagnol et la banlieue toute proche m’obligent à poursuivre mon chemin.

Deux possibilités s’offrent à nous pour rejoindre Hospital de Orbigo. Soit longer la N 120 parallèlement ou prendre à gauche des chemins qui me semblent bien plus tranquilles. Sans hésiter je choisis ce deuxième itinéraire, qui, par de petites routes de campagne, me conduit jusqu'à Oncina De Valdoncina.

Sur la droite, peu avant le village proche du ruisseau, je m’engage dans un chemin étroit qui me semble abandonné ou très mal entretenu. Les pâturages aux alentours sont aussi à l’abandon. Le coin me convient, la pluie qui menace me décide rapidement de bivouaquer ici. La tente est installée avant que le plus gros de la pluie nous tombe dessus.

Bonne journée, je pense avoir fait environ 30km aujourd’hui et pas mal de stress pour le franchissement de Leon. Je prends mon repas dans ma toile, l’humidité a drôlement rafraîchit la température.

Le moral est au beau fixe, encore trois étapes et je dois retrouver Loline. C’est une amie d’enfance qui a grandi dans mon village et qui habite maintenant en Espagne tout proche d’ici. Lors de ses dernières vacances en France quand je lui ai dit que je partais sur le chemin de St Jacques elle s’est spontanément proposée de m’accompagner sur la fin du chemin.

 
 < retour au menu du chemin en Espagne > L'étape suivante --->