De Navarette à Granon
du 01/06/01 au 02/06/01

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Navarette, vendredi 01 06 2001

  

Dès cinq heures ce matin, ça s'agite dans le refuge. Heureusement, hier soir, j’ai réussi à négocier pour moi tout seul, la pièce du bas. Donc pas de bruit ni de ronflements. J’ai bien dormi sur mon matelas et dans mon duvet. Nous prenons notre petit déjeuner en commun et c’est vers sept heures que Nanette, bâtée prend le départ pour cette nouvelle journée. Il fait plus froid ce matin, mais après les fortes chaleurs de ces derniers jours, on ne se plaindra pas.

 
11_05a_porc.jpeg (42461 octets) Sur la gauche se trouve le cimetière, sa porte d’accès est le portail de l’ancien hôpital San Juan de Acre. Je marche en compagnie de Lucien, reporter photographe, vu la première fois à Ostabat.
 
Je suis comblé, je vis des moments inoubliables, des paysages extraordinaires. A quelques jours de marche se trouvent des montagnes enneigées, c´est la Sierra de la Demanda que je contournerai par la droite, et en premier plan des vignobles à perte de vue dans une terre très rouge. 11_06a_paysag.jpeg (22965 octets)
  

J’arrive à Najera. Là,  je profite d’une petite alimentation pour acheter quelques provisions. C’est sur la rive du Rio Najerilla que Nanette et moi casserons la croûte. Après une sieste bienfaisante, je désire visiter les monuments de la ville. Malheureusement, je trouve les portes de tous les édifices closes. Les heures d´ouvertures sont trop tardives pour moi.

  
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Je reprends donc le chemin qui grimpe très fort pour sortir de la ville. Après avoir traversé une pinède, une nouvelle vue s’offre à moi : je suis entouré d’énormes rochers rougeâtres.

  
Ce qui donne la richesse agricole de cette région, c’est tout ce réseau d’irrigation mis en place : canaux, aqueducs, rigoles. 11_08a_aqueduc.jpeg (32026 octets)
 
Je suis fort bien reçu au petit refuge juxtaposé à l’église du village. L’hospitalière me propose une cabane pour Nanette. Je la remercie mais je préfère m’installer dans le champ, derrière le cimetière, mon ânesse à l’attache sur le bord du chemin. 11_09a_azofra.jpg (81539 octets)
 
La messe sera différente ce soir, je viens d’apprendre le décès du père de mon amie. Le prêtre dit une prière pour le repos de son âme.
 

Azofra, samedi 02 06 2001

 
11_10a_chemin.jpeg (18259 octets) Ce matin, le chemin est riche en rencontres. Deux Français me doublent : un est parti de Reims, l’autre de St Jean d’Angely. J’échange quelque mots avec José un Espagnol qui semble très tranquille.
 
Allan nous dépasse. Il est chauffeur routier Anglais et il parle le français comme moi l’anglais. Les échanges seront donc très limités. Il a de gros problèmes avec ses pieds, il en souffre depuis plusieurs jours. 11_11a_surprisnanet.jpeg (26446 octets)
 

Depuis quelques temps, je rencontre Ilda, une jeune Portugaise, fort sympathique. Elle maîtrise fort bien le français. Elle est rassurée sur l’état de santé de Nanette Elle pensait que faire subir une telle épreuve à un âne était de la torture, elle constate qu’il n’en est rien et que mon ânesse est heureuse de marcher en ma compagnie.

A l’entrée de Santo Domingo de la Calzada c’est un autre Français qui commence son voyage aujourd'hui. L’an passé, suite à des problèmes de santé, il a interrompu son pèlerinage ici. Il insiste pour que je fasse une halte au refuge tenu par les membres de la Cofradia del Santo.

 
11_13a_attente.jpeg (45633 octets) Nanette m’attend sagement devant la cathédrale de Santo Domingo de la Calzada. Un groupe de jeunes lui tient compagnie le temps de ma visite. L’entrée de la cathédrale est payante, il m’est difficile d’admettre qu’après avoir parcouru prés de mille kilomètres à pied je doive payer pour me recueillir dans cette église. Je regarde donc le coq et la poule dans leur poulailler à travers les grilles.
 
11_13_000poulaillerb.jpg (30600 octets) Au 14ème siècle un couple et leur fils faisaient un pèlerinage à Compostelle. La serveuse de l’auberge voulut séduire le jeune homme, qui la repoussa vertueusement. La serveuse dépitée cacha une coupe en argent parmi les vêtements de Hugonell et, le lendemain matin, le dénonça comme l’auteur du vol. Il fut fait prisonnier et pendu. Cependant, avant de continuer leur voyage, les parents entendirent la voix de leur fils qui leur annonçait qu’il était vivant : St Dominique le tenait par les pieds. Ils se dirigèrent immédiatement chez le juge de la ville qui se disposait à manger un coq et une poule rôtis, et lui communiquèrent l’extraordinaire événement. En se moquant d’eux, le juge leur répondit que leur fils était aussi vivant que les deux volailles qui étaient dans le plat. En un clin d’œil, les animaux sautèrent du plat, se recouvrir de plumes et commencèrent à voleter et à chanter, donnant ainsi la preuve de l’innocence du jeune pèlerin condamné.
 
Je fais une pose à la sortie de la ville, au bord du Rio Oja, sous de jeunes peupliers. Mon emplacement stratégique me permet de voir les pèlerins franchir le pont. Au bout d’une heure et demie, je pars ce qui va sûrement mettre fin aux aboiements frénétiques du chien de garde de la propriété voisine, grâce à lui, je pars content.
 
J’arrive dans le village de Granon où le refuge fait partie intégrante de l’église. Là, sont déjà installés les pèlerins rencontrés ce matin. Le jeune prêtre me donne l’autorisation de bivouaquer à l’entrée du village, sur un terrain, derrière l’ancienne gendarmerie. La fontaine est assez loin du campement mais l’eau y est bonne et fraîche. Je prends ma douche au refuge et en attendant l’heure de l’office je flâne dans les rues et m´installe à la terrasse d’un café. 11_15a_vue.jpeg (21085 octets)
 
On me signale la présence de Charles qui ayant appris par "radio pèlerin" que mon moral n’est pas au beau fixe, a emprunté un vélo et fait demi-tour, pour me rejoindre une demi-étape en arrière. Je suis très touché par son geste d’amitié qui me remonte le moral, je le remercie sincèrement. Il refera les dix sept kilomètres du chemin pour rejoindre son refuge du soir.
 
11_14_a_egiserefugegranon.jpg (36415 octets) Il règne une ambiance très chaleureuse ce soir dans ce refuge. Le jeune prêtre partage notre repas et nous conduit directement par une petite porte au balcon de l’église pour une prière bien particulière. Chaque pèlerin lit un passage dans sa langue, donne son prénom ainsi que son jour d’arrivée à Santiago. Notre prière est pour tous les pèlerins en chemin, et demain soir il fera de même avec les suivants.
 
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